4/10/10

Nepenthe

Quimérica mezcla: La Valse d'Amélie (bso Le fabuleux destin d'Amélie Poulain) y Le Léthé (Charles Baudelaire).
Imposible perfecta combinación?


Le Léthé
Viens sur mon coeur, âme cruelle et sourde,
Tigre adoré, monstre aux airs indolents;
Je veux longtemps plonger mes doigts tremblants
Dans l'épaisseur de ta crinière lourde;
Dans tes jupons remplis de ton parfum
Ensevelir ma tête endolorie,
Et respirer, comme une fleur flétrie,
Le doux relent de mon amour défunt.
Je veux dormir! dormir plutôt que vivre!
Dans un sommeil aussi doux que la mort,
J'étalerai mes baisers sans remord
Sur ton beau corps poli comme le cuivre.
Pour engloutir mes sanglots apaisés
Rien ne me vaut l'abîme de ta couche;
L'oubli puissant habite sur ta bouche,
Et le Léthé coule dans tes baisers.
A mon destin, désormais mon délice,
J'obéirai comme un prédestiné;
Martyr docile, innocent condamné,
Dont la ferveur attise le supplice,
Je sucerai, pour noyer ma rancoeur,
Le népenthès et la bonne ciguë
Aux bouts charmants de cette gorge aiguë
Qui n'a jamais emprisonné de coeur.
Charles Baudelaire

El Leteo
Ven a mi corazón, alma cruel y sorda,
tigresa adorada, monstruo perezoso;
mis trémolos dedos quiero hundir por largo
tiempo en la espesura de tu cabellera;
y que en tus enaguas que exhalan perfume
halle su mortaja mi rostro doliente,
y respirar, como a flor marchita,
el dulce resabio de mi amor difunto.
Quisiera dormir. Dormir, no vivir.
Y en un sueño dulce, símil de la muerte,
extender mis besos sin remordimiento
en tu cuerpo bello, lisura de cobre.
Para detener mi sollozo calmo,
qué mejor que el lecho, ese abismo tuyo;
el potente olvido habita en tu boca,
y desde tus besos rezuma el Leteo.
Desde hoy creeré delicia el destino,
le obedeceré, cual predestinado;
víctima inocente, mártir subyugado,
casi con fervor buscando el suplicio,
y succionaré, ahogando rencores,
la buena cicuta, divino nepente,
los bellos pezones, senos puntiagudos,
que jamás guardaron corazón alguno.

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